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Les moyens sont la fin – Les dépossédés (2/3)

Je continue ma mini-série sur le livre d’Ursula Le Guin, Les dépossédés avec l’une des questions posées par le livre qui m’a beaucoup parlé. Parce que c’est une question que je me pose souvent : est-ce que la fin justifie les moyens ?

Les moyens sont la fin

En pratique, le livre fait plus que poser la question, il y répond d’une manière intéressante.

Tout d’abord il y a ce mantra : « Les moyens sont la fin ». La phrase est répétée à intervalles réguliers, donc on finit par la retenir. C’est un peu l’équivalent de « Winter is coming » pour Game of Throne si vous l’avez lu. Sauf qu’elle a un sens politique plus fort.
C’est la partie explicite de la réponse. Cette phrase fait partie des écrits fondateurs d’Anarres et est ancrée dans les esprits. Elle est censée guider les anarrestis dans leurs actes. Et à force d’être répétée, elle semble tournée en dérision. On en viendrait à penser que c’est ridicule, surtout quand c’est appliqué dans tous les petits gestes de la vie anarrestie.
Sauf qu’en pratique, la société d’Anarres, fondée sur l’anarchisme, commence à ne plus fonctionner. On constate tout au long du livre qu’elle n’est plus anarchiste mais devient bureaucrate. Le glissement est subtil mais bien présent. De façon implicite, cette fois, Ursula le Guin, nous montre très clairement que si les moyens ne sont pas en accord avec la fin, alors celle-ci n’est pas atteinte.

Et le récit a une puissance ici, que le discours ne peut avoir. Parce qu’il nous plonge au cœur même du problème ; qu’il nous raconte, au travers du personnage principal, l’histoire de cette civilisation qui est dans un moment charnière où les principes fondateurs sont négligés. Comme on est plongé dedans on ressent ce qui est dit, plutôt que de le réfléchir. Et ça nous marque forcément beaucoup plus.

Échos

Ces interrogations font écho à beaucoup de questions pour moi.

La plus présente quand j’écris ce blog est : quelle utilisation faire des réseaux sociaux ? Utiliser Diaspora (via le pod Framasphère) aucun problème. C’est un réseau libre, neutre, décentralisé. Mais Twitter n’est rien de tout ça. Mais si je veux toucher une large communauté… vous voyez le malaise. Là s’ouvre le débat de savoir si on touche vraiment les gens par les réseaux sociaux mais ce sera pour une autre fois, je suis pas prête. La question des outils aussi. Je n’utilise presque que des logiciels libres… presque. Et enfin les textes que je publie sont sous licence creative commons. Mais que faire si je trouve un éditeur qui n’accepte pas cette licence ? J’ai l’impression que petit à petit je me mets en accord avec mes convictions, mais c’est un processus assez long.

Et je ne suis pas sure qu’on ait le temps. L’un des domaines où c’est criant c’est l’écologie. Je suis de plus en plus convaincue que l’enjeu environnemental est primordial et qu’on va dans le mur. Pour autant, est-ce que les moyens que j’utilise au jour le jour sont en adéquation avec cette prise de conscience ? Forcément non…
Et là où l’on touche au cœur du problème : est-ce que l’on peut être en adéquation partout. Je suis profondément démocrate. Je pense qu’en toute chose la démocratie est primordiale. Sauf que la tentation est forte, quand l’enjeu est urgent, d’instaurer une dictature, même temporaire. Parce que… la fin justifie les moyens. Aujourd’hui, comme apparemment Ursula Le Guin, ma conviction profonde est que c’est une mauvaise idée. C’est bâtir un château dans une vasière. Mais si nos habitudes démocratiques ne sont pas ancrées très profondément quand survient la crise, alors la bascule est assurée vers le totalitarisme. C’est pour ça, que plus ça va, plus je suis convaincue que l’une des urgences actuelles, c’est de créer de la démocratie. Mais super compliqué !

Les commentaires sont ouverts pour débattre de la question. Si cet article vous a plu, partagez-le, sur les réseaux sociaux ou de vive voix, en discutant autour de vous c’est encore mieux 🙂

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