Le choix du genre
Homme ou femme ? Non je ne parle pas de moi mais de mes personnages. À chaque nouvelle que j’écris, et encore plus pour mon roman en cours de construction, se pose la question du genre de mon personnage. Et je n’ai pas encore de réponse toute faite, alors je vous livre quelques réflexions sur le sujet.
Faut-il se poser la question ?
Au début j’écrivais juste un personnage tel qu’il me venait. J’imaginais un homme, j’écrivais un homme et vice-versa. Puis, entre autre à la lecture d’un article de blog sur les femmes dans la fiction et l’absence de ces femmes, je me suis demandée : « et moi alors j’en suis où ? »
Donc déjà, j’ai trouvé intéressant de me poser la question. Ça permet aussi de constater ses propres stéréotypes de genre. Dans mon cas, il s’avérait que les personnages avec un fort caractère et très actif étaient des femmes, et que les hommes avaient plutôt le rôle de personnages passifs ou un peu looser.
Rien que pour ça c’était intéressant. Est-ce que je voulais vraiment que mes récits renvoient cette image ? Peut-être pas.
Modifier le genre ?
Une fois que je m’étais aperçue de ce phénomène, la question était quoi faire avec ? Inverser systématiquement le genre de mes personnages ? Pas top, je me serai retrouvée avec des hommes forts et des femmes faibles…
Pour la saison Choisir de Libertés Futures, j’ai décidé, avant l’écriture de chaque nouvelle, de tirer à pile ou face le genre du personnage principal. De cette façon, j’ai, sur la durée, à peu près la moitié d’homme et la moitié de femme.
Maintenant se pose la question : à quel moment lancer la pièce ? Ou, est-ce que le fait d’avoir un homme là où j’aurais imaginé une femme va influer sur l’histoire ? Est-ce que j’écris d’abord et je change après ?
J’ai choisi de le faire une fois que j’ai l’histoire en tête, mais avant de commencer à écrire. D’abord, parce que c’est beaucoup de boulot de reprendre tout le texte pour changer les ‘il’ en ‘elle’, etc. Ensuite parce que oui, ça change un peu ma perception du personnage. Et c’est intéressant aussi.
Par exemple pour Inutile, au départ j’imaginais un homme. Le fait que ce soit une femme a clairement fait évoluer le personnage vers quelqu’un de plus mélancolique, plus poétique, moins noir. C’est dans ma tête bien sûr mais ça a modifié ma perception du personnage.
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L’exemple le plus rigolo est Faim. Le personnage principal est chef d’entreprise et au départ c’était un homme. Comme quoi, j’ai aussi mes clichés non-féministes. Quand je m’en suis aperçue, j’ai décidé de changer pour une femme mais d’écrire l’histoire de façon neutre pour laisser le lecteur découvrir seulement à la fin que c’est une femme et qu’il puisse se rendre compte si lui aussi s’était fait une image plutôt masculine… ou pas.
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Et pour la suite ?
Pour la saison Vivants de Libertés Futures, j’ai plutôt écrit à l’instinct. D’abord parce que l’une des premières nouvelles porte sur une grossesse, donc là j’avais pas trop le choix du genre, ensuite parce qu’au final, il m’est plus facile d’écrire des personnages féminins. Peut-être que cette saison sera exclusivement féminine d’ailleurs, ce qui ne serait pas un mal car les femmes sont rares en SF.
Pour le roman en cours [1]presque en cours…, j’ai pour l’instant deux personnages forts et opposés, une femme et … un homme/machine. Est-ce que ça compte ? La question reste ouverte 🙂
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