Manta #3 À boire
Voici le 3ème épisode des aventures de Manta et Ellute. Pour retrouver les épisodes précédents c’est ici : Manta (univers TFTW)
3. À boire J’aperçois, à quelques centaines de mètres, les parkings du site touristique, mais je décide de couper à travers la bruyère pour les éviter. Un léger crachin vient nous revigorer, Manta et moi, et rend la marche plus aisée. Après plusieurs heures, je me décide à m’approcher d’une maison qui se blottit au fond d’une petite anse. Je me traîne jusque dans la cour de la ferme et m’échoue sur un gros rocher. Je ne peux pas faire un pas de plus. Aussitôt une petite femme brune sort du bâtiment et s’approche de moi. Je vois qu’elle a un mouvement de recul devant mon apparence. Mes vêtements sont en lambeaux, j’ai des écorchures partout et je m’accroche à un coquillage comme si ma vie en dépendait. Puis, le sens pratique de cette femme reprend le dessus. Elle passe son bras sous le mien et, grommelant que ce n’est pas possible de se mettre dans des états pareils, m’amène dans sa cuisine. Elle pose devant moi une tranche de pain, du beurre, sort une assiette, un verre et me tend la bouteille d’eau posée à côté. Je la remercie du bout des lèvres, et rempli mon verre. C’est alors que j’entends Manta bouillonner : — Pourquoi est-ce que vous enfermez l’eau dans la bouteille ? – la question est sortie de Manta, passant par mes lèvres sans que je m’en rende compte. — Je vous demande pardon ? — Euh… je veux dire : vous ne buvez pas l’eau du robinet ? Je ne voudrais pas vous obliger à sortir de l’eau minérale pour moi. — Oh. Vous savez avec tous les nitrates, je préfère ne pas la boire. Je la garde pour la vaisselle. La femme regarde avec étonnement mon coquillage dont l’eau s’est mis à bouillir furieusement. Derrière elle le robinet de son évier s’est mis à couler tout seul et j’aperçois de l’humidité qui suinte d’un mur. Je dois calmer Manta. J’attrape la conque et la serre dans ma main essayant de lui envoyer des pensées rassurantes. Oui moi aussi je suis en colère, mais cette femme n’y est pour rien. Pour m’apaiser, autant que Manta, j’attrape la tartine de pain beurrée et dévore goulûment. Je remercie la femme, en espérant qu’elle ne me pose pas trop de questions, mais mes craintes sont vaines, les Bretons ne sont pas du genre à poser des questions. Elle me fait tout de même remarquer que je ne peux pas me promener habillée comme ça, me demande si je veux qu’elle me dépose quelque part. Je dis non, mais j’accepte de bon cœur le vieux jean et le pull trop grand qu’elle a déniché dans un placard. Je la remercie encore une fois en quittant sa ferme. Elle me regarde longuement avant de me dire avec un petit sourire de prendre soin de moi et de mon coquillage, il a l’air gentil mais un peu étourdi.