Baniere Petit Manuel de Résistance contemporaien - Main qui fait le signe de la victoire
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Petit manuel de Résistance contemporaine

Cyril Dion
Édition : Actes Sud
(collection Domaine du Possible)

Résumé

Le monde est en train de s’effondrer. C’est un constat. Dur. Alors que faire ? Lorsqu’on est conscient que les actions individuelles sont insuffisantes, et que changer nos gouvernements sera trop long. C’est une réflexion autour de ce sujet que propose Cyril Dion, portée par un axe : les récits qui nous façonnent, nous les avons inventés, écrits, nous pouvons donc les ré-écrire, et en imaginer d’autres, porteurs d’espoirs.

Petit Manuel de Résistance contemporaine – couverture

Ce qui m’a plu

Le premier chapitre est violent, car le constat est là : notre monde s’effondre, mais ça n’était pas une surprise pour moi, il y a longtemps que j’ai fait cette prise de conscience (en lisant Comment tout peut s’effondrer de P. Servigne et R. Stevens pour être exacte). Ce livre n’est pas là pour s’attarder sur ce constat, il rappelle juste les bases de la réflexion. Ce qui est intéressant c’est la suite.

Le récit

Le thème principal du livre est l’idée que nous sommes façonnés, individuellement et comme société, par un certain nombre de récits : religieux, politiques, économiques, fictionnels, moraux, etc. Ces récits nous conduisent à penser au sein d’eux-mêmes. Parce que nous avons été élevés dans une société de consommation capitaliste, parce qu’un récit est construit autour de ça qui nous explique que la consommation est le bonheur (porté consciemment par le cinéma hollywoodien) alors nous fonctionnons à l’intérieur de ce récit.

Par conséquent, si l’on veut changer de monde, il est nécessaire d’écrire de nouveaux récits, des récits d’altruisme, de sociétés non-marchandes, de relations entre les humains et les autres êtres vivants peuplant cette planète. Cyril Dion résume son propos en une phrase qui m’a marquée :

Si nous voulons emmener des millions de personnes avec nous, nous devons leur dire où nous allons.

Ce que j’interprète comme : on peut se battre contre le capitalisme mais on a perdu d’avance si on ne sait pas vers quoi on veut aller. Et encore plus, si on ne raconte pas vers quoi on veut aller.

Alors bien sûr, cette idée a résonné dans mon petit cœur d’autrice. Car oui c’est pour cette raison que j’écris, car je veux réfléchir à un monde dans lequel j’aimerai vivre, et je veux y emmener d’autres personnes et partager, confronter cette fiction à la leur, pour qu’on construise ensemble.

L’échelle et la démagogie

Il y a une autre réflexion qui m’a marquée dans ce livre c’est celle autour de l’échelle d’action. Comme dit dans le résumé, lorsqu’on milite un peu on constate deux chose : changer le monde par le haut est long, voire impossible, et les actions individuelles sont insuffisantes, même si elles sont nécessaires, entre autres parce qu’elles alimentent le récit justement.

Alors ? Alors il faut trouver d’autres échelles. De façon très simplifiée, l’auteur propose ici l’échelle de la commune. Mais j’ai l’impression que c’est plus subtil que ça : c’est l’échelle à laquelle on est à la fois puissant et résilient. L’échelle où l’on a du pouvoir, où l’on est autonome, où l’on peut se connecter aux autres.

Et pour emmener des gens à cette échelle-là, il faut les fédérer autour d’un récit, d’un objectif commun. Cyril Dion cite alors l’exemple d’Harvey Milk qui a réussi à être élu en faisant campagne sur les crottes de chiens dans sa ville. Sujet qui a fédéré beaucoup plus de monde que les lois pour les droits des homosexuels qu’il défendait, et qu’il a pu faire passer une fois élu. C’est de la démagogie, mais cela lui a permis d’avancer. Et cette idée, qui me sort de mon biais de confirmation, est intéressante. Je me dis qu’il y a peut-être un moyen, localement, par exemple à l’échelle d’une entreprise, de fédérer les gens autour d’un projet simple (mais porteur d’idée j’y tiens). À méditer.

Conclusion

Ce livre m’a beaucoup donné à réfléchir. Il a le défaut d’avoir été écrit avant la Convention Citoyenne sur le climat et la pandémie et je pense qu’il serait intéressant de le mettre à jour à la lumière de ces évènements, mais il y a dedans une idée motrice puissante : il nous faut de nouveaux récits !

Alors à bientôt pour de nouvelles aventures.

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