Lectures d’Août
Encore cinq livres ce mois-ci, et beaucoup d’auto-édition. Je suis contente de vous parler de ces livres qui sont trop peu promus par les médias traditionnels.
Suzuha
Marine Dunstetter
Auto édition
J’ai découvert l’autrice de Suzuha sur Twitter, parce qu’on partage un goût certain pour l’écriture un peu geek (LaTeX, Creative Commons, etc) et le jardinage. J’ai donc décidé de découvrir son univers littéraire : l’Accadémie des Renards, en commençant par Suzuha.
Suzuha est une enfant de l’île aux voix. Sur cette île les enfants peuvent manipuler la magie mais n’ont pas de voix, et pas de reflet. À l’âge adulte les garçons vont chercher leur voix, mais pas les femmes qui restent muettes. Sauf que Suzuha ne veut pas d’une vie muette et elle s’enfuit à bord d’un bateau venu sur l’île. Elle va atterrir à l’Académie des Renards, une école de magie.
J’ai beaucoup aimé l’écriture très douce de ce livre. C’est léger tout en traitant de thèmes importants comme la confiance en soi. L’univers, légèrement japonisant, presque science-fiction, est très original et donne vraiment envie d’en découvrir plus. J’aurais voulu suivre Suzuha plus loin dans son histoire et j’avais envie de retrouver les autres personnages qu’on devine très riches.
Et ça tombe bien puisque d’autres histoires existent, notamment une sur la jeunesse de Tobias le directeur de l’Académie des renards. (en vrai j’en ai lu le 1er tome mais la chronique attendra un peu).
Celle qu’il attendait
Baptiste Beaulieu
Éd : Fayard
J’ai hésité à commencer celui-là parce que « la romance c’est pas mon truc », ce qui prouve qu’il faut des fois mettre ses à priori de côté. Je reste convaincue que « la romance c’est pas mon truc », mais en l’occurrence, je considère ce livre plutôt comme de la poésie que de la romance.
Certes il s’agit de l’histoire d’amour entre Joséphin et Eugénie. Joséphin est un chauffeur de taxi qui a enfermé au fond de lui toute la violence de son adolescence, Eugénie est une inventrice loufoque, capable de trébucher dans le temps. Ils vont se trouver, partager leurs fêlures, leur histoire, leur beauté. Et ils sont magnifiques dans leur capacité à aimer l’instant qu’ils passent ensemble, pour six mois, deux fois, à l’infini. Leur histoire est tragique, mais leur histoire est belle.
Elle commence un mois de novembre.
Les enfants d’Aliel : Tome 2 – le cheval de feu
Sara Schneider
Auto édition
Après le tome 1 le mois dernier, j’ai donc attaqué ‘Le cheval de feu’, deuxième tome des Enfants d’Aliel. J’avais trouvé le premier sympa mais un peu long à démarrer, mais du coup le tome 2 est beaucoup plus dynamique. L’histoire avance et c’est un plaisir.
On découvre notamment l’ampleur des pouvoirs d’Orga et c’est très intéressant. La façon dont chaque personnage peut être affecté en fonction de ses propres penchants, des fois même pas réellement des vices au départ, donne le frisson. L’un des personnages notamment est très protecteur et même cela va servir Orga et se retourner contre lui.
Les méchants sont vraiment flippants, mais le ton du livre fait que ça reste léger à lire. Je ne sais pas vraiment si c’est une qualité ou un défaut, en tout cas on passe un bon moment. Beaucoup de personnages gagnent en profondeur pendant cet épisode en particulier Jan, le petit frère de Lilas. J’avoue pour l’instant, c’est Lilas que je trouve la moins bien écrite. Je ne sais pas pourquoi, de temps en temps, elle a un côté très superficiel qui ne colle pas avec le reste de sa personnalité. À mon sens, ça tombe un peu comme un cheveu sur la soupe.
En revanche, j’ai hâte de voir ce que va devenir Erika, l’une des Enfants d’Aliel. On sent en elle un côté sombre qui peut donc être exploité par Orga, et si cet aspect est bien mené, ça va être… le feu !
Land of the free
KeoT
Auto édition
J’ai un peu triché pour celui-ci car en réalité j’ai fait une bêta-lecture, je n’ai donc pas lu la version définitive, mais comme il est sorti maintenant, je vous en parle.
Josh est un jeune paumé, dealer, drogué, qui déménage à San Francisco pour démarrer une nouvelle vie avec à la clé une formation en programmation informatique. Évidemment, il va replonger, évidemment on va lui proposer un boulot un peu louche et comme il a besoin de tunes il va accepter. Mais la liste des clichés s’arrête là. En fait un peu avant, car il n’accepte pas pour se payer sa drogue mais pour financer sa formation ce qui surprend.
Ensuite, c’est une plongée au cœur du dark net et du trafic de drogue, le tout organisé par un hypster, bobo-écolo-branché-flippant, et c’est hyper prenant.
L’écriture est très précise, incisive, pleine de petits détails qui nous rendent ce monde, légèrement futuriste, très réel. Le style de narration au présent est difficile à manier, mais là c’est exécuté avec brio et ça sert complètement le récit.
Celui-ci est raconté par Josh et le choix de la première personne est très efficace. On est tout de suite en empathie avec ce jeune, un peu déglingué mais tellement lucide sur sa position, avec un humour qui décape. Beaucoup moins d’empathie pour son connard d’employeur mais c’est fait exprès.
Bref, c’est une belle découverte. Et comme c’est un spin-off d’un autre roman de l’auteur, je vais m’empresser d’aller lire celui-ci 🙂
Mémoires du grand Automne : Tome 2 – la colère d’une mère
Stéphane Arnier
Auto édition
Comme je vous l’avais dit le mois dernier, j’ai été très impressionnée par le tome 1 de Mémoires du grand Automne. Donc, forcément, j’ai lu le tome 2 dans la foulée.
Je n’ai pas été déçue. Ce tome se déroule 6 ans après le premier. On suit la fille de Nikodemus Saule, Valpuri. C’est une jeune femme qui s’apprête, après de longue années d’attente, à donner naissance. C’est-à-dire qu’elle et son conjoint vont avoir accès à une chambre féconde, ce qui leur permettra de féconder un bassin de l’arbre, duquel germera un bébé. Sauf que… tout ne se passe pas comme prévu, forcément.
On retrouve les personnages du premier tome, en particulier les antagonistes Ilona Rable et Rudius Ramure qui sont toujours autant machiavéliques et en même temps intrigants. Valpuri est un personnage que j’aimerais arriver à écrire un jour. Une jeune femme en colère, contre tout, ses parents, la société, l’injustice. Sa colère la submerge parfois, mais on la comprend tellement. Je l’ai trouvée très vraie et très touchante.
La seule petite déception est qu’au final on n’en apprend pas beaucoup plus dans ce 2ᵉ tome que dans le premier. La plupart des éléments que découvre Valpuri, nous les connaissions déjà. Ce sont des révélations pour elle mais pas pour nous. J’aurais vraiment aimé que ce tome lève un peu du voile sur Ramure. Un coin de mystère est dévoilé sur les mystérieux Oskürs, mais ça reste frustrant.
J’ai donc hâte de lire la suite pour avoir des réponses. Les livres sont commandés, il n’y a plus qu’à attendre le mot de la librairie.
Voilà, j’espère que cet article vous a plu et éventuellement que vous y trouverez l’inspiration pour vos prochaines lectures. Je pense continuer le mois prochain, avec moins de fantasy puisque pour l’instant il y a dans la liste Xenia de Gérard Mordillat et A.B.C. contre Poirot d’Agatha Christie.