La lecture publique : meilleure BL avec des enfants
J’ai vu assez peu d’articles de conseil sur les bêta-lecture, et encore moins sur la bêta-lecture pour les histoires pour enfants. Donc, comme j’ai récemment vécu une expérience intéressante à ce sujet, je livre mon retour ici. Attention cet article ne se veut pas un guide en 10 étapes pour réussir à tous les coups votre BL, juste le partage d’une idée qui peut servir.
Pour commencer le contexte : j’écris des contes pour enfant dans l’univers de Tales From the Wild dont j’ai déjà parlé dans un précédent article. J’ai écrit et corrigé 25 fois mon texte et maintenant, dernière étape avant l’envoi à un futur éditeur potentiel : demander des bêta-lectures pour avoir des retours.
Objectif de la Bêta-Lecture (BL)
Tout d’abord quel est mon objectif quand je demande une bêta-lecture ? Car en vrai, j’ai vu passer pas mal de demandes différentes sur le sujet : est-ce que l’histoire est comprise comme je le voudrais, est-ce qu’il y a des incohérences dans l’histoire ? est-ce que je vais devenir le prochain Victor Hugo ? (non celle-là j’ai pas vu mais elle se glisse sûrement derrière d’autres 🙂 ).
Ici il s’agissait d’histoires pour enfants, de type 1er roman. C’est-à-dire des histoires que des enfants de CE1-CE2 doivent pouvoir lire seuls, ou des enfants de CP accompagnés. L’objectif principal était donc : est-ce que le texte est lisible et compréhensible pour des enfants de cet âge ?
Il y avait ensuite un objectif sous-jacent : est-ce que l’histoire est adaptée pour des enfants de cet âge. C’est beaucoup plus subjectif donc plus difficile à évaluer mais je voulais essayer de me faire une idée.
Je précise que j’avais 2 contes écrits, et j’ai donné les deux en même temps.
Étape 1 : demande de BL
J’ai tenté une première expérience : faire comme avec un roman adulte. J’ai donc donné un exemplaire des contes en question à une dizaine d’enfants de l’âge voulu en leur posant les questions suivantes :
- lequel des 2 contes tu préfères et si possible explique-moi pourquoi ?
- Surligner sur le texte les passages que tu ne comprends pas
L’objectif de la 2ème question est limpide. Je n’ai pas eu beaucoup de retour. J’en ai déduit présomptueusement que le texte était clair. Et, à priori, pour les enfants avec qui j’ai pu discuter en direct ils avaient globalement compris l’histoire.
Après coup, je pense que la prochaine fois, je ferai peut-être comme Julien Hirt : je poserai des questions précises sur l’histoire. Je n’avais pas osé faire ça, car je ne voulais pas que l’exercice soit trop scolaire.
La première question visait justement à essayer de savoir si l’histoire était adaptée. Sur les 2 contes, l’un était plus léger, plus drôle que l’autre et je voulais voir si :
- soit celui-ci leur paraissait trop ‘pour petit’
- soit l’autre était trop sombre pour des enfants de cet âge.
Le problème est que je n’ai pas eu beaucoup de retours sur cette question non plus. Les deux réponses, un peu détaillées, que j’ai eu : c’était 50/50 donc je ne savais pas quoi faire avec.
Étape 2 : lecture publique
J’étais un peu embêtée avec mes textes quand une opportunité s’est présentée : faire une lecture publique des contes. J’en avais déjà fait une avant Noël dernier et j’avais beaucoup apprécié l’expérience mais c’était sur une vieille version des textes, l’histoire avait pas mal changé depuis. Donc banco.
Et ça a été riche d’enseignements.
Tout d’abord pendant la lecture : on remarque très bien les moments qui font mouche. Là où les enfants rient, sursautent, là où le suspens est intense… et là où ils s’ennuient. C’est très instructif. Le seul élément compliqué est de se souvenir après de ce qui a marché ou pas. J’ai essayé de prendre des notes dans la foulée pour ne pas oublier. L’idéal serait d’avoir un observateur extérieur qui peut noter tout ça mais c’est déjà pas mal.
Et surtout, j’ai pu échanger avec les enfants juste après la lecture. Et ça c’est super. Ils se souviennent encore bien de ce qui leur a plu ou pas, ils posent des questions. J’ai d’ailleurs remarqué 2 types de questions :
- ‘ Pourquoi ? / c’était qui lui ? / etc ‘ qui signalent des passages peu clairs
- Les questions sur l’univers qui montrent l’intérêt des enfants.
J’ai retiré énormément de choses de cette lecture. Je mets quelques exemples qui peuvent servir :
- Faire des phrases courtes (ou plus courte que pour des adultes), garder le rythme.
- Avoir régulièrement des touches d’humour pour alléger l’histoire.
- Abréger les explications.
Conclusion
Il n’est pas facile de « tester » des histoires pour enfants. On ne peut pas leur demander une bêta-lecture aussi détaillée et travaillée qu’à des adultes. Demander une lecture avec réponses à des questions est intéressant mais peut paraître très scolaire et tous les enfants n’apprécieront pas, alors qu’ils pourraient aimer l’histoire.
Au final j’ai trouvé que leur lire l’histoire est une possibilité intéressante, peut-être complémentaire de la première méthode et permet d’avoir des retours en direct. Attention toutefois la franchise des enfants peut être dure à encaisser sur le coup :).
J’espère que cet article pourra vous aider et bonne lecture 🙂
2 commentaires
Patrick
Super article. C’est déjà difficile d’avoir de bons BL, mais c’est encore pire quand le lectorat est si jeune. Tu as eu une chouette opportunité et je suis convaincu que c’est l’une des meilleures expériences possibles pour avoir des retours. Je me demande même si ce n’est pas adaptable avec des auteurs adultes pour avoir des retours « à chaud »… J’imagine que ça doit se faire dans les ateliers d’écriture (que je ne fréquente pas).
marianne
Si sûrement je pense que la méthode est valable aussi pour des adultes. Je pense que la difficulté vient plus de trouver un public et un ‘extrait’ de texte à lire. Car un roman en entier ça fait un peu long 🙂