Pensee Arborescente avec image d'arbre
Blog,  Interludes

Pensée Arborescente

Cela fait longtemps que je n’ai rien publié. La sortie de mon recueil Libertés Futures m’a légèrement épuisée, mais ce n’est pas la seule raison. Aujourd’hui j’ai laissé mes doigts courir, et exprimer quelque chose de très personnel. Je vous livre cet interlude qui dévoile, un peu, mes vagabondages.


Pensée Arborescente

Une idée a germé d'une graine venue d'ailleurs qui s'est plantée au creux des plis de mon cerveau. Quelle est cette idée ? À quoi ressemble-t-elle ? Pour le moment je n'en vois qu'un éclat de vert, à peine sorti de terre. Pourtant elle est belle, vivante, prête à jaillir. Je la regarde, tente de deviner ses contours, dans le flou qui la maintient rattachée à l'humus noir et fertile.
Une mince tige, fragile, pointe vers le ciel et un mot s'en échappe. Écrire. Elle est là mon idée, et de la forme de sa première feuille je peux reconnaître la graine, semée dans mon enfance, des histoires que l'on me racontait, des aventures que l'on s’imaginait avec mon frère.
Un moment, deux petites feuilles d'un vert éthéré se balancent, dans un coin de ma conscience, pas encore prêtes à devenir réellement une plante, mais déjà les racines se sont faufilées et ne peuvent plus être délogées.
Je me prends au jeu d'arroser cette idée, en laissant mes doigts courir sur un clavier, lorsqu'il est tard et que personne ne me regarde. Alors la plante grandit. Que sera-t-elle ? Fleur ? Ronce ? Arbre ? Je ne peux le dire, mais déjà sa tige devient plus forte, ses racines vont puiser au fond de ma mémoire, les émotions, les espoirs et les cicatrices, qui deviendront histoires.

Une première branche se dresse timide et j'inscris dans les sillons de mon disque dur la première nouvelle d'une série. Sairvo s'appelle-t-elle. Et si ce n'est qu'une première, c'est déjà dans ma tête le début d'un multivers. La branche se déploie, feuille après feuille, printemps après printemps et c'est tout un recueil qui s'élance vers la lumière. Un fruit bleu récolté avec amour.
Et pendant qu'il mûrissait, d'autres branches discrètement ont poussé, projets photos, série littéraire, blog. Certaines ont grandi, ramifié, d'autres sont encore des bourgeons. La pensée est un arbre asynchrone.

Et le tronc, la branche maîtresse, le roman. Discret au premier jour, il a grandit et s'est étoffé. Des feuilles de toutes les couleurs, emplies de personnages, d'univers, d'arcs narratifs. Des feuilles qui ont fané, des fleurs devenues graines, une histoire qui se lirait dans le désordre. Des ramifications partent de la base, d'autres se subdivisent. D'autres, se joignant aux racines font ressortir de moi des histoires qui n'ont rien à faire là, comme des greffes d'un autre arbre qui seraient venues pomper l'énergie de celui-ci. L'arbre drageonne et des dizaines de tiges s'entremêlent, s'étouffent les unes les autres. Piégée dans ce taillis, suivant une ramure puis une autre, mon cerveau tourne en rond, se perd et se fatigue, ne sait plus où aller, reste là, statufié.
Errant alors dans une plaine desséchée où seules quelques herbes jaunes pointent. S'éloigner à pas lent et douloureux de cet arbre. Suivre un chemin tout droit, lire beaucoup, une histoire déjà écrite, toute tracée, canalisée.

Je me retourne. Et je vois. Il y a une branche maîtresse sous les amas de feuilles maintenant mortes, sur laquelle s'accrochent encore quelques touches de vert dur et solide. Je grimpe sur cette branche, décide de la faire pousser.
Un nouveau roman est en train de prendre forme sous mon stylo, qui déjà se ramifie et s’appuie sur d'autres projets, chansons, chasses aux trésors et jardins forêts, d'autres branches. Le cycle redémarre, il me faut garder la main sur l’écorce et ne pas me perdre.
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