Manta #7 – Les Forgeurs

Voici l’épisode 7, de ma série Manta, qui se déroule dans l’univers de Tales from the Wild. Les épisodes précédents sont ici : Manta. Cet épisode marque la fin du chapitre 1. Il y aura probablement d’autres chapitres, car cette histoire m’inspire, mais je suis en ce moment sur un gros projet de roman donc… un peu de patience 🙂

7. Les Forgeurs

Je reprends conscience brutalement, en me sentant observée. Je suis adossée à un mur de béton, que je reconnais rapidement comme celui de l’ancienne usine à galet de la plage d’Audierne. Il me protège du vent qui souffle toujours en rafales sur la baie. Pourtant ce n’est pas la tempête que je redoutais, seulement du vent.
Je sursaute en percevant un mouvement à la lisière de mon champ de vision. Je me retourne, mais trop vite et une nausée me fait vomir un mélange de bile et d’eau de mer. Je m’affale contre le mur froid et referme les yeux quelques instants.
Lorsque je m’en sens capable, je rouvre lentement les paupières et tente de ne pas sursauter encore une fois. Devant moi, se tiennent deux petits… êtres ? Ils font une cinquantaine de centimètres de haut, l’un est gris marron avec des sortes de rochers sur la tête, l’autre est vert et un enchevêtrement de branches, feuilles et champignons lui pousse au-dessus des oreilles.

Je cligne des yeux plusieurs fois avant d’être sûre qu’ils sont bien là. Je les regarde, ils me regardent et je commence à paniquer. Est-ce que je suis vraiment devenue folle ? Enfin l’un des deux, celui en pierre, s’avance et me parle doucement :

— Ne t’inquiète pas, tout va bien.
Du coup, je m’inquiète.

— Qui… ? Quoi… ? Je n’arrive pas à vraiment formuler mes questions, mais ils semblent comprendre que je suis perdue.

— Nous sommes des Esprits, comme Manta. Je suis Petrà et voici Chardon. Nous accompagnons des Forgeuses, qui s’occupent en ce moment de l’esprit du vent en colère. Enfin pas toutes seules, ils sont vingt et un là-bas. Nous on devait te mettre à l’abri. Du coup, j’ai demandé au mur de te récupérer en douceur. Il est en béton, pas vraiment en pierre, mais il est sympa quand même.
— Des Forgeuses ? — je me suis arrêtée sur ce mot et n’ai rien compris de la fin de sa phrase.
— Oui ce sont les gens comme toi, ceux qui peuvent nous voir et nous parler. Ils ont entendu les cris des esprits ici.
Je suis un peu paumée, mais ces deux Esprits ont l’air d’avoir l’habitude de ce genre de situation. 
— Et Manta ? Est-ce qu’elle va bien ?

À ce moment, une brume se forme à mon côté, bleue translucide, puis de plus en plus dense. Et un troisième Esprit, d’eau cette fois, se matérialise. Je la reconnais aussitôt.
— Manta !
Je la serre contre moi, mes larmes se mêlant aux cascades qui lui coulent de la tête.
— J’ai réussi ! Je me suis matérialisée hors de l’eau. Je suis contente. Je vais pouvoir t’accompagner chez les Forgeurs maintenant.

Ah, parce que je dois aller chez les Forgeurs ? Je ne sais même pas qui ils sont mais peut-être auront-ils quelques réponses. Et tout d’abord je veux savoir ce qu’il s’est passé ? À ce moment, le vent cesse brusquement et le silence s’abat sur la baie. Une grande tristesse émane des Esprits.
— Ils ont vaincu l’Esprit du vent.
Manta prononce cette phrase de sa petite voix, ruisselante de larmes. Chardon et Petrà s’approchent d’elle pour la réconforter. Et d’autres Esprits se joignent à eux, de toutes les tailles et de toutes les natures. Une boule de feu se détache du lot et s’approche de moi, se formant progressivement en un petit bonhomme avec des flammes en guise de cheveux. Il me parle :

— Je suis Brasier. Nous avons perdu l’un des nôtres aujourd’hui, mais tu as sauvé l’esprit de l’eau et c’est une grande victoire qui nous réjouis. Allez, viens, on rentre à la maison.